Forum de l’Arbre, de la Forêt et du Bois – Saint-Brieuc 2024

— 25 novembre 2024 -

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Un Forum animé, à l’image du dynamisme de la filière bois bretonne

Le 15 novembre 2024 s’est tenu le Forum de l’Arbre, de la Forêt et du Bois au Palais des Congrès de Saint-Brieuc. S’inscrivant dans la continuité des Assises de la Forêt et du Bois, cet évènement ouvert à tous, avait aussi pour objectif de réunir acteurs de la filière, collectivités et propriétaires forestiers pour un échange autour des grands enjeux auxquels fait face la filière bois bretonne.

 

 

 

 

Nombreux étaient les inscrits cette année, avec une belle représentation des différentes parties prenantes.

Après une introduction en plénière, animée par Fibois Bretagne en la personne de son président, monsieur Denis Pistiaux (QSB), les débats se sont engagés autour de tables rondes traitant de sujets d’actualité à travers quatre ateliers thématiques :

  • Les difficultés de recrutement,
  • Le rétablissement d’un dialogue filière-société,
  • L’organisation de la reforestation en Bretagne,
  • Les nouveaux usages du bois.

 

Parmi les intervenants, des acteurs régionaux d’importance dont Laurent Le Mercier (Sylva Expertise), en tant qu’expert forestier et vice-président de Fibois Bretagne, mais aussi :

  • Alain de Kernier (Fransylva)
  • Joakim RAHUEL (Rahuel Bois)
  • Benjamin BEAUSSANT (DRAAF)
  • Jérôme DANCOISNE (ADEME)
  • Carole LE BECHEC (Région Bretagne)
  • Arnaud Guyon (CRPF Bretagne)
  • Marie Dubois (ONF)

Plusieurs invités sont venus enrichir les échanges de leurs expertises respectives, dont :

  • Jean Ollivro, Géographe
  • Hervé Le Bouller, forestier et écrivain

 

Des échanges riches autour des grandes problématiques régionales

A travers ce forum, la filière bois a souhaité mettre à l’honneur la forêt bretonne et son histoire. Trop souvent minimisée (officiellement 15% du territoire selon l’IGN contre 30% en moyenne en France) du fait de son morcellement, elle constitue en réalité un maillage dense de haies et de petits bosquets. Ce réseau, bien que réduit de moitié dans les années 50 à la suite du remembrement, perdure et fait de l’arbre un marqueur identitaire, omniprésent dans l’inconscient breton.

 

 

Principale source d’énergie pour le chauffage, matériau de construction de base jusqu’au 11ème siècle (avant la pierre), et intrant incontournable dans l’industrie (forges et construction navale), le bois breton subit une pression énorme et cumulative fait tomber le taux de boisement à 6% vers 1820. Depuis, la forêt bretonne connait une expansion continue sous l’effet de la déprise agricole, des guerres et de la planification forestière, laquelle contribue également à sa diversification (introduction du pin maritime dans le Morbihan au 19ème siècle, introduction de l’épicéa de Sitka et du Douglas dans les années 1950 grâce au Fond forestier national). C’est ainsi qu’aujourd’hui, les essences résineuses sont au cœur de l’industrie bois bretonne, tandis que le feuillu fait son retour un peu partout à l’état d’accrus.

Si le dynamisme de la forêt bretonne est indéniable, elle n’en demeure pas moins vulnérable. Parmi les menaces évidentes, au-delà du changement climatique qui devrait être un peu moins impactant qu’ailleurs, figurent entre autres : l’érosion de la ressource en bois d’œuvre résineux, la concentration de l’outil industriel au détriment  des petites scieries locales, le développement de pathogènes et/ou de ravageurs, et l’incompréhension croissante entre une population urbanisée et une filière bois isolée et trop souvent aphone.

 

Une nouvelle stratégie pour la filière

Face à ces défis, Fibois Bretagne défend une approche multifonctionnelle de la forêt, fondée sur la coexistence de bénéfices multiples qui pourraient sembler antagonistes de prime abord. En réalité, production de bois d’œuvre, protection de la Nature, captation du carbone et préservation des paysages sont tout à fait compatibles, pour peu que l’on s’inscrive dans une démarche de gestion durable et raisonnée des forêts. C’est tout le sel du métier de forestier que de concilier les intérêts de chacun en une sylviculture équilibrée. La recherche de cet équilibre est une entreprise complexe mais tellement passionnante. Alors ne nous excusons pas de ce que nous sommes !

 

 

Pour défendre cette vision, Fibois Bretagne développe une stratégie en 4 axes :

  1. Communiquer pour convaincre des vertus de l’arbre et de la forêt. L’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 n’est envisageable que par la plantation d’arbres. C’est l’ADEME qui le dit… Et la décarbonation du BTP ne pourra se faire sans la construction bois. Pourtant, la filière bois n’est toujours pas considérée à la hauteur de sa contribution.
  2. Développer la ressource bois, en quantité par l’accroissement des surfaces boisées, et en qualité par la mise en œuvre d’une gestion sylvicole proactive. Il n’est plus acceptable qu’un pays comme la France, parmi les plus boisés d’Europe, en soit réduit à importer l’essentiel de son bois transformé. Et la Bretagne doit y prendre sa part.
  3. Améliorer l’adéquation ressource/marché en traitant le sujet de la sous-valorisation des feuillus qui composent 77% de nos forêts pour seulement 12% des sciages…
  4. Développer de l’emploi pérenne et non délocalisable au sein de la filière bois en montrant à de jeunes gens en quête de sens que la forêt et le bois peut être une passion.

Le Forum de l’Arbre de la Forêt et du Bois est un premier pas dans la bonne direction. L’excellente tenue des débats a démontré qu’acteurs de la filière, élus et propriétaires étaient finalement sur des positions tout à fait concordantes. Charge maintenant à la filière de construire sur cette bonne dynamique, en tâchant d’intégrer dans sa démarche un panel toujours plus large d’acteurs (y compris ceux qui ne sont pas encore convaincus…).

 

Quentin SERVOZ

Technicien forestier

Membre tuteuré d’Experts Forestiers de France

Cabinet Sylva Expertise